Ce que l'on pourrait appeler la « règle du zéro » pour la numérotation des hétéromonocycles exige que le locant 1 soit attribué à l'hétéroatome le plus prioritaire selon le tableau 1. La numérotation se déroule ensuite de telle sorte que les locants les plus bas possibles soient attribués à :
1.- Tous les hétéroatomes, ensemble.
2.- Tous les hétéroatomes, en tenant compte des priorités du tableau 1.
3.- Le(s) hydrogène(s) indiqué(s)
4.- Le(s) atome(s) du ou des hétérocycle(s) porteur(s) de la fonction principale qui est(sont) nommé(s) en suffixe (il n'en est qu'un, selon la nomenclature substitutive, car il peut être répété).
5.- Substituants n'appartenant pas au système Hantzsch-Widman, dans son ensemble (c'est-à-dire non pas oxa, aza, etc., mais méthyle, dihydro, hydroxy, etc.)
6.- Substituants n'appartenant pas au système Hantzsch-Widman, par ordre alphabétique.
 
numérotation des hétérocycles 01
 
Le composé 1 est nommé 6H-1,5,2-thiazaphosphinine . Après avoir attribué le locant 1 à S, il est numéroté vers P, conduisant à la séquence de locants 1,2,5 (au sens croissant), qui prend le pas sur 1,3,6 qui surviendrait s'il était numéroté vers le N (Standard 1 ).
Dans le nom, les préfixes sont cités selon l'ordre de priorité du tableau 1 ; leurs locants sont tous regroupés devant, dans le même ordre que les préfixes sont mentionnés.
 
La situation symétrique des trois hétéroatomes du composé 2 rend la règle 1 inefficace, donc dans ce cas la règle 2 décide.Le nom de l'hétérocycle est 5,6-dihydro-4H-1,3,5-oxafosfasiline.
 
Le nom de l'hétérocycle 3 est le 3,6-dihydro-2H-1,5-oxazocine-6-carboxylate d'éthyle . Une fois le nombre 1 donné à O, on utilise la norme 3 pour ce qui décide de l'hydrogène indiqué. C-6 n'est pas pris comme hydrogène indiqué car à partir de l'oxygène il occuperait la position 4.
 
numérotation des hétérocycles 02
 
En donnant le nom du composé 4 , on voit que les normes 1 et 2 ne décident pas ; l'hydrogène n'étant pas indiqué, la numérotation est déterminée par la présence d'une fonction principale (règle 4) : des deux présentes, c'est l'amide. Ainsi, la numérotation se fait en donnant au carbone portant le groupe amide le locant le plus bas possible, soit 2. Le nom s'avère être 6-méthanoyl-5-propyl-1,6-dihydro-1,4-diazine-2 -carboxamide .
 
La fonction principale de l'hétérocycle 5 est l'ester, dont le locant est 1 par la « norme zéro ». Pas d'hydrogène indiqué, puisque la fonction cétone est supposée avoir été introduite après une double hydrogénation formelle de la pyridine (de trois doubles liaisons cycliques à une seule). La règle 5 nécessite une numérotation dans le sens des aiguilles d'une montre et le nom du composé est : 2,2-diméthyl-5-oxo-1,2,5,6-tétrahydropyridine-1-carboxylate d'éthyle . La numérotation dans le sens inverse des aiguilles d'une montre conduirait à une plus grande séquence de locants.
 
Enfin, l' hétérocycle simple 6 possède quatre substituants (diéthyle et dihydro), dont la numérotation globale est identique dans les deux sens. Dans ce cas, et en l'absence d'autres accidents régis par les règles précédentes, la règle 6 s'applique. Dans l'ordre alphabétique, l'éthyle prime sur l'hydro, ce qui conduit à la dénomination suivante : 2,3-diéthyl-4,5-dihydro-1H -pyrrole.
 
En bref, les hydrogènes indiqués sont si importants (règle 3) qu'ils ont la priorité de numérotation la plus élevée après les hétéroatomes. Les préfixes hydro sont traités comme s'ils étaient des préfixes de substitution, et sont même inclus dans les séquences de leurs locants dans le but de choisir le bon sens de numérotation (voir composé 5). Cependant, les hydros et les hydrogènes indiqués sont utilisés comme particules non séparables du nom, et sont donc mentionnés juste avant le nom de l'hétérocycle.